en réponse à Stéphane Peu : comment ça se passe (vraiment) à Saint-Denis

publié dans l'hebdo Tout est à nous, n° 200 du 20 juin 2013

Saint-Denis : la rénovation urbaine ne doit laisser personne à la rue.

Le 7 juin la ville et la préfecture ont fait évacuer un immeuble très insalubre, le 50 Gabriel Péri, situé en face de celui qui avait connu un incendie dramatique en septembre dernier, faisant plusieurs morts et une dizaine de blessés. Quelques jours plus tard c’est au tour du 103 Gabriel Péri.  Ces immeubles anciens, du centre ville, sont déclarés insalubres, dangereux pour ceux qui y vivent. Près de 40% des immeubles privés du centre ville sont dans cet état.

La municipalité a obtenu de l’Etat une dotation pour engager des travaux de rénovation, 50 millions d’euros, dans le cadre d’un plan national de résorption de l’habitat insalubre (le PNRQAD) programme qui comprend normalement un volet social pour permettre le relogement des habitants qui habitent dans ces immeubles. Mais elle l’applique à minima. 
Ces immeubles sont habités par des salariés très précaires, pour la plupart célibataires, et souvent sans-papiers d’origine africaine. Pour eux pas de volet social. La rue. 
Dans ses communiqués la municipalité se vante du dispositif qu’elle met en œuvre, qui permet la rénovation, tout en relogeant ceux qui y vivent. Bref une carte postale pré-municipales 2014. En fait c’est plus d’une trentaine de personnes qui se retrouvent sans toit depuis les expulsions, à qui on nie tout droit.
Depuis, les expulsés résistent à cette tentative de négation de leur existence parfois de plus de 10 ans sur la ville, allant de campement en campement. Depuis le 7 juin, ils ont campé devant la Basilique, puis devant la mairie. La police, à la demande de la ville, est intervenue 8 fois déjà pour tenter de confisquer leurs affaires, des matelas, des duvets donnés par la Croix Rouge. Un comité de soutien s’est constitué, 2 manifestations se sont tenues de plus 150 personnes. 
Une déclaration des associations et organisations de la ville a été adoptée qui refuse que la rénovation urbaine mette des habitants à la rue sans solution. Pourtant le maire qui a reçu une délégation des expulsés persiste dans sa réponse policière tout en déclarant être solidaire de leur combat. Juste contradictoire.
La pénurie de logement pour les plus modestes, la rénovation des immeubles dégradés des centre des villes populaires, nécessitent des solutions d’hébergement, de relogement, de l’ensemble des mal-logés, comme la réquisition des logements vides que les municipalités peuvent mettre en œuvre.

La ville de Saint-Denis doit choisir entre une orientation progressiste de soutien aux exclus du logement quels qu’ils soient ou la gestion libérale et répressive de l’espace urbain.

jmb

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