le "plan d'urgence" de Hollande / AFP

Rénovation des logements: des objectifs ambitieux, mais de maigres moyens
 21/03/2013

L'objectif est ambitieux, les moyens sont maigres :
la France veut atteindre en 2017 la barre des 500.000 logements rénovés par an, mais confronté à ses engagements budgétaires, le gouvernement a renoncé jeudi --au moins pour l'instant-- à la piste d'une TVA réduite.

Si l'engagement de l'Etat est bien "une bonne nouvelle", "au fond, on sent bien que le manque de moyens budgétaires limite les ambitions", constate Alain Grandjean, président du comité des experts du "débat national sur la transition énergétique" lancé par le gouvernement.

A lui seul, le bâtiment absorbe pas loin de la moitié de la consommation d'énergie en France (43%), devant le transport, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Le secteur est considéré comme le plus grand gisement d'économies d'énergie dans l'Hexagone, mais la rénovation des logements les plus anciens, impose des nuisances et des travaux souvent coûteux (10.000 à 30.000 euros par logement).

En l'espèce, la principale nouveauté du plan présenté jeudi par François Hollande consiste en une aide de 1.350 euros pour les ménages des classes moyennes (aux revenus annuels inférieurs à 35.000 euros pour un couple) menant ce type de travaux.

Cette aide rend la rénovation "accessible à tous", a fait valoir à l'AFP la ministre de l'Ecologie Delphine Batho. Selon l'Elysée, les deux tiers des Français sont éligibles à cette aide exceptionnelle, pour une rallonge estimée à 500 millions d'euros sur deux ans.

L'Etat a également pérennisé les deux dispositifs de soutien existants, nés du Grenelle de l'Environnement, l'éco-prêt à taux zéro et le crédit d'impôt développement durable (800 millions d'euros annuels à eux deux) et promis "un guichet unique" pour savoir à qui s'adresser.

En dehors de cela, pas de trace des milliards espérés par les défenseurs d'un effort majeur pour mieux isoler les logements français, y compris les 20% de "passoires énergétiques".

Selon une étude du cabinet Sia Conseil publiée jeudi, l'objectif des 500.000 logements rénovés par an implique un investissement de 8 milliards d'euros chaque année d'ici 2017, pour des économies générées estimées à 4 milliards par an.

"C'est un plan d'investissement de crise, ou comment faire de la relance qui ne coûte pas d'argent budgétaire", a reconnu jeudi l'entourage du chef de l'Etat, qui dit vouloir éviter la "schizophrénie collective" consistant à faire des annonces en milliards d'euros pour ensuite devoir les économiser.

Petite victoire sur l'austérité, la baisse de la TVA pour les chantiers des logements sociaux concernera finalement aussi leurs travaux de rénovation, selon l'Elysée.

Mais pour le parc privé, "il va falloir faire preuve de créativité financière pour construire un plan qui permette d'atteindre les objectifs", souligne M. Grandjean. "Même Bercy a su en faire preuve quand il a été question de sauver les banques. Cela doit être possible !".

Les rénovations ont végété en 2012 à moins de 150.000, très loin de l'objectif abandonné du Grenelle (400.000 en 2013). Un nouvel objectif de 270.000 rénovations (dont 180.000 dans le privé) a été fixé jeudi pour 2014.

La porte d'une TVA réduite pour la rénovation (à 5% au lieu de 10%) n'est pas complètement fermée, une mission parlementaire devant rendre un rapport sur ce point d'ici l'été, rappelle-t-on au ministère du Logement, qui chiffre la mesure à 700 millions d'euros par an.

Parmi les pistes pour éviter de puiser dans les finances publiques, nombre d'experts et d'ONG, comme la Fondation Nicolas Hulot, misent sur le système du tiers investisseur, que le gouvernement veut mettre en place en 2015.

Il consiste à faire payer les travaux par un investisseur (une banque par exemple), que le client rembourse ensuite avec les économies en énergie réalisées.
AFP

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