Crise du logement : le professeur Mouillart fustige le dogmatisme fiscal de Bercy


Lors d'une conférence parlementaire sur le logement et l'habitat, l'économiste er spécialiste de l'immobilier Michel Mouillart a dénoncé la position dogmatique de Bercy en matière de fiscalité, qui n'a pas, selon lui, conscience de l'ampleur historique du manque de moyens des ménages pour acheter.


Du jamais vu. Le recul du nombre d'accession à la propriété a atteint un niveau historique en 2012, soit une perte "d'entre 180 et 200.000 unités, dont 150.000 primo-accédants", par rapport à 2011 faisait remarquer jeudi l'économiste Michel Mouillart, lors d'une conférence parlementaire sur le logement et l'habitat. Ce spécialiste de l'immobilier estime d'ailleurs que tout n'est pas mis en oeuvre pour améliorer cette situation, bien au contraire. 

La position dogmatique de Bercy
Il en veut beaucoup aux services du ministère de l'Economie, récalcitrants à accorder des avantages fiscaux à ceux qui souhaitent acquérir un logement, au motif que ces mécanismes font croître les prix. Comme Michel Mouillart, le député Gilles Carrez, spécialiste de la fiscalité et également présent jeudi, regrette l'attitude en vigueur au ministère. "À Bercy, on estime que tout avantage fiscal contribue à la hausse des prix. C'est une vision trop simpliste", expliquait-il.

Le prêt à taux zéro mis à mal depuis deux ans
Concrètement, ce que ne comprend pas Michel Mouillart, c'est la réduction progressive de la portée du prêt à taux zéro (PTZ), qui est destiné à apporter un complément salvateur aux ménages souhaitant accéder à la propriété pour la première fois. Depuis deux ans, son périmètre a été sérieusement restreint. Alors qu'en 2012, les logements anciens ont été exclus du dispositif, le périmètre du PTZ a été recentré en 2013 sur les ménages les plus modestes.
Attendu sur un éventuel élargissement de ce dispositif lors de l'annonce de son plan d'urgence le 21 mars, François Hollande n'a finalement rien dit sur le sujet.

Un niveau de construction par habitant au plus bas depuis 1951
Michel Mouillart estime pourtant que sans des dispositifs soutenant la demande des primo-accédants, les objectifs du président de la République en matière de construction seront loin d'être atteint.
En étant optimiste, l'économiste qui collabore régulièrement avec la fédération bancaire française dans le cadre de l'observatoire des crédits aux ménages, estime qu'il manquera 145 000 logements sur les 500 000 espérés par le président de la République en 2013. Ce, tout en partant du principe que les investisseurs institutionnels reviendront en masse dès cette année sur l'immobilier résidentiel. Si ce n'est pas le cas, "entre 315 et 320.000 constructions de logements seront lancées cette année, soit 11 constructions de logements pour 1000 habitants, le plus bas niveau depuis 1951", déplore Michel Mouillart.

La demande durement affectée
L'économiste ne voit pas non plus comment cet état de fait va s'inverser, à un moment où la France n'a plus de manœuvre budgétaire, où la solvabilité des ménages est durement affectée et où l'on "accroît les contraintes monétaires sur les ménages". In fine, si l'on continue à se "payer le luxe formidable" d'occulter les aides aux primo-accédants, Michel Mouillart se voit bien venir présenter le même discours aux parlementaires dans 10 ans.

Mathias Thépot | La Tribune  29/03/2013,

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