Hébergement d’urgence : la saison hivernale s’ouvre sans circulaire nationale… Et sur des espoirs déçus



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La traditionnelle circulaire nationale « Grand froid » a été remplacée par un « Guide national de prévention et de gestion des impacts sanitaires et sociaux liés aux vagues de froid 2013-2014 ». Les associations estiment son contenu insuffisant et demandent qu’après un hiver 2012-2013 transitoire, celui qui s’annonce signe un vrai changement d’approche.


Florent Guéguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), membre du collectif des associations unies, qui représente 33 organisations nationales de lutte contre l’exclusion, est amer : « L’Etat est schizophrène. Pour marquer le changement de politique en matière de mise à l’abri, il ne publie plus de circulaire nationale, mais un guide national. Nous avons participé à de nombreuses réunions avec la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) pour préparer la saison hivernale qui s’annonce et nous n’y retrouvons pas nos propositions ».
 
Vœu de transversalité - Diffusé le 26 septembre 2013, le « Guide national relatif à la prévention et à la gestion des impacts sanitaires et sociaux liés aux vagues de froid – 2013-2014″ est issu des réflexions d’un groupe de travail réunissant les directions de plusieurs ministères (Affaires sociales et santé, Logement, Intérieur, Travail et Emploi), ainsi que divers organismes comme l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes). En prévision de la saison hivernale qui s’ouvre traditionnellement le 1er novembre, il a pour objectif de « définir les actions à mettre en œuvre aux niveaux local et national, pour détecter, prévenir et limiter les effets sanitaires et sociaux liés aux températures de l’hiver et ses aspects collatéraux, en portant une attention particulière aux populations vulnérables ». Il se veut également plus global que l’ancienne circulaire avec une attention portée aux problématiques de l’accès aux soins, des intoxications par le monoxyde de carbone ou encore de maladies infectieuses. Il propose douze « fiches mesures » à visée opérationnelle, notamment consacrées au dispositif d’accueil des personnes isolées et des sans-domicile.
Déception - « La question de l’accompagnement social des personnes hébergées n’y est pas assez développée ainsi que l’exigence de réponses adaptées à la personne, notamment quand il s’agit d’une famille », estime Florent Guéguen. Pour la saison hivernale 2012-2013, l’Etat avait identifié, pour l’ensemble du territoire, 19 000 places supplémentaires mobilisables contre 15 188 l’hiver précédent. Si les associations demandent des créations de places, elles insistent pour qu’elles soient « de qualité » et qu’elles correspondent à une prise en charge « continue » avec une évaluation sociale. Le baromètre de la Fnars du mois de juillet 2013 révélait que les demandes d’hébergement enregistrées à l’été 2013 étaient équivalentes à celles enregistrées au cours de l’hiver 2012-2013 et que 76 % d’entre elles n’avaient pas trouvé de réponse, un « record ». Il mettait également en lumière l’augmentation du nombre de familles et de personnes étrangères. Les chiffres du rapport annuel 2012 de l’Observatoire national du 115, publiés le 14 octobre 2013, indiquait une progression de la demande de 30 % en un an, 64% d’entre elles n’ayant pas donné lieu à un hébergement, majoritairement faute de places disponibles.
Constatant cette hausse de la demande et « sans assurance sur l’enveloppe qui sera débloquée cet hiver sur l’ensemble du territoire », le collectif a fait début octobre une demande de rendez-vous à la ministre du Logement, Cécile Duflot, qui reste, pour l’heure, sans réponse. « L’Etat s’était engagé à mettre un terme à la gestion au thermomètre. L’espoir d’une nouvelle approche s’éloigne », ajoute le directeur général de le Fnars.
Demande d’un plan modulé - Le collectif des associations unies propose d’engager le changement dès cet hiver dans les territoires qui disposent de logements vacants, « comme le Puy-de-Dôme, le Finistère ou encore le Morbihan ». Il s’agirait de proposer une solution de logement pérenne, dans le secteur public comme dans le privé, et non un hébergement d’urgence. « Pourquoi attendre si c’est possible ? », demande le directeur de la Fnars. « Le changement sera aussi du côté des associations qui devront adopter de nouvelles pratiques, changer de réflexes », ajoute-t-il.
Même si la saison qui s’ouvre s’annonce difficile, les associations de lutte contre l’exclusion voient dans l’application du Plan de lutte contre la pauvreté un signe d’espérer encore un mieux-faisant. « L’Etat a demandé aux départements de faire un état des lieux exhaustif du mal-logement sur leur territoire. Quatre départements (Doubs, Loire, Oise et Somme) ont déjà envoyé leur diagnostic au secrétariat général pour la modernisation de l’action publique. Une fois que cet inventaire sera complet, nous pourrons peut-être avancer. C’est une démarche de transparence risquée qui mettra tous les partenaires face aux inégalités territoriales en la matière », explique Florent Guéguen.

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