Logements vides de la Ville de Paris : la droite crie au scandale

Place des Vosges (IVe). L’hôtel de Fourcy, en partie propriété
de la Ville, héberge dans une aile des classes du collège
Théophile-Gautier attenant. Les espaces inoccupés, en revanche,
se dégradent lentement. 
(LP/C.H.)

L'opposition a dénombré des dizaines de constructions et de terrains nus, propriété de la commune. « Une tempête dans un verre d'eau », répond la mairie.

Des milliers de mètres carrés vides, propriété de la Ville de Paris... A l'heure où la mairie entend s'attaquer aux logements vacants dans la capitale, plusieurs immeubles, appartements ou commerces lui appartenant sont aujourd'hui inoccupés. Parfois depuis plus de dix ans ! « Un scandale », selon le conseiller (UMP) de Paris Pierre-Yves Bournazel. L'opposant municipal dénombre pas moins de trente immeubles, cinquante appartements, trente locaux, dix pavillons et une dizaine de parkings vacants. Sans oublier une vingtaine de terrains nus. Cet inventaire à la Prévert représenterait 10 000 m2 vides.


Ces biens appartiennent au domaine « privé » de la Ville. Certains ont des adresses prestigieuses : rue des Francs-Bourgeois, en plein cœur du Marais, rue des Nonnains-d'Hyères (IVe), rue Mazarine (VIe), île de la Cité (Ier et IVe), île Saint-Louis (IVe) et place des Vosges (IVe). D'autres sont situés dans les arrondissements populaires. C'est le cas de l'ancienne caserne de Château-Landon (Xe), abandonnée depuis plusieurs années.

« Des centaines de familles pourraient être logées dans ces lieux », s'indigne Pierre-Yves Bournazel, en rappelant les 170 000 personnes en attente d'un logement social dans la capitale. L'élu enfonce le clou : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ! Au lieu de multiplier les effets de manche, les déclarations d'intention et les menaces coercitives, au lieu de recourir systématiquement à des préemptions qui obèrent gravement les finances de la collectivité, que Mme Hidalgo exploite donc d'abord pleinement le patrimoine immobilier dont elle a la responsabilité ! » L'opposant municipal estime que la mairie de Paris ferait mieux d'utiliser ce gisement « inexploité et mal géré qui coûte des millions d'euros en entretien et en gardiennage aux Parisiens » plutôt que d'engager une politique de préemption dans le diffus pour atteindre son objectif de 10 000 logements créés par an. Le vice-président du groupe UMP au Conseil de Paris suggère de transformer ces mètres carrés vides en logements intermédiaires pour loger « les classes moyennes chassées de la capitale ».

Ian Brossat, l'adjoint (PCF) à la maire chargé du logement, réfute ces accusations : « C'est une tempête dans un verre d'eau. Bon nombre de logements prétendument vacants sont en réalité occupés. » Selon lui, « la Ville de Paris mobilise son patrimoine intercalaire (privé) pour produire des logements ou créer des équipements publics. En attendant les travaux, le patrimoine est mis à la disposition d'associations caritatives ou bien transformé en squat d'artistes ou en centres d'hébergement d'urgence. C'est le cas de l'ancienne caserne de Château-Landon, gérée par l'Armée du salut. En revanche, lorsque les immeubles ne se prêtent pas à être transformés, ils sont vendus. »

Un important patrimoine municipal


C.H. | 26 Mars 2015, 
RÉAGIR

La Ville de Paris n'est pas seulement propriétaire de bâtiments administratifs, de locaux scolaires, d'équipements sportifs, de parcs et de jardins... Elle est aussi à la tête d'un important patrimoine dit « privé », constitué de plusieurs centaines d'immeubles, terrains, appartements, châteaux, commerces, locaux implantés dans la capitale et aussi en banlieue.

Ces biens ne sont pas affectés au public ou au service public. Lorsqu'ils sont inoccupés, ils sont en attente soit d'une cession -- des chambres de bonne ou des appartements sont régulièrement mis en vente aux enchères --, soit d'une réalisation d'un projet municipal qui ne peut pas être engagé dans l'immédiat ou encore d'une affectation pérenne

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