Un quart des sans-domicile ont un emploi

L'Insee publie une étude sur les personnes sans domicile francophones et l'emploi. En 2012, la France comptait officiellement 66.300 personnes sans domicile (41.300 hommes et 25.000 femmes) dans les agglomérations de 20.000 habitants et plus. En l'occurrence, le terme sans domicile s'entend comme toute personne ayant passé la nuit précédant l'enquête dans un lieu non prévu pour l'habitation ou dans un service d'hébergement (hôtel ou logement payé par une association, chambre ou dortoir dans un hébergement collectif, lieu ouvert exceptionnellement en cas de grand froid...).

Un taux d'activité de 70% chez les 25-54 ans

Le principal enseignement de l'étude de l'Insee est que 24% des sans-domicile occupent un emploi (23% des hommes et 25% des femmes), tandis que 39% sont chômeurs et 37% inactifs (personnes élevant des enfants, retraités, invalides, demandeurs d'asile ou sans papier n'ayant pas le droit de travailler).

Contrairement à une idée reçue, le taux d'activité des sans-domicile (en emploi et demandeurs d'emploi) apparaît donc assez élevé, puisqu'il approche les 70% dans la tranche d'âge de 25 à 54 ans. Il reste toutefois inférieur à celui observé en population générale (90%). Le taux d'activité des sans-domicile est plus élevé que celui de la population générale dans la tranche d'âge des 18 à 24 ans, mais ceci s'explique par la faible présence d'étudiants (7% contre 42% en population générale dans cette tranche d'âge). Le taux d'emploi varie fortement selon la stabilité de l'hébergement. Il est ainsi de 31% parmi les sans-domicile occupant un logement fourni par une association, de 25% chez ceux logés dans un centre où ils peuvent rester durant la journée, mais de 13% parmi les personnes résidant dans un centre d'hébergement ou qui vivent dans la rue. Plus étonnant : les étrangers sans domicile sont plus nombreux (27%) à occuper un emploi régulier ou un "petit boulot" que les Français (22%).

Près d'un sans-domicile sur dix travaille dans la fonction publique

Les emplois occupés sont essentiellement salariés (seulement 4% des sans-domicile déclarent être indépendants). Parmi les salariés, 8% travaillent dans la fonction publique, 5% pour un centre d'hébergement ou un foyer (souvent en contrepartie de l'hébergement ou d'un repas), 19% pour une association et le solde pour une entreprise ou un particulier. Il s'agit d'emplois faiblement qualifiés (93% d'ouvriers et employés, contre 50% en population générale) et souvent précaires.
Seuls 39% des sans-domicile en emploi bénéficient d'un CDI (contre 87% en population générale), tandis que 22% sont en CDD, 17% sont intérimaires, stagiaires ou saisonniers et 15% n'ont aucun contrat de travail (proportion qui monte à 45% pour ceux qui travaillent pour une association ou un centre d'hébergement...). La situation des femmes est meilleure que celle des hommes, avec 49% de CDI et 31% de CDD. La situation des étrangers est encore plus fragile, puisque 28% n'ont pas de contrat de travail et que seuls 32% ont un CDI.

Plus de quatre sans-domicile sur dix sont sans emploi depuis plus de deux ans

Du côté des chômeurs, 43% des sans-domicile sont aussi sans emploi depuis deux ans ou plus (et 56% depuis un an ou plus), contre 20% parmi l'ensemble des demandeurs d'emploi. Au cours du mois précédent l'enquête, les chômeurs sans domicile ont en moyenne effectué trois démarches de recherche d'emploi, accompagnés - dans près d'un cas sur deux - par des associations ou des travailleurs sociaux. La majorité d'entre eux (73%) passe par Pôle emploi pour effectuer ses recherches, le reste s'adressant directement aux employeurs. Parmi les obstacles à la recherche d'emploi, les sans-domicile citent en premier lieu l'absence de moyens de transport (50% de citations), suivie du coût des transports (47%), du coût des démarches (40%), de la vie dans un centre ou à la rue (31%) et du manque de vêtements convenables (26%).

Le RSA est le principal revenu déclaré

Enfin, en termes de ressources, le RSA est le principal revenu déclaré par les sans-domicile (30% le perçoivent), suivi par les revenus du travail (25%), les allocations chômage (8%), l'AAH (7%) et les autres prestations sociales (15%). En la matière, les sans-domicile français sont moins défavorisés que les étrangers, qu'il s'agisse des allocations versées par les CAF ou par Pôle emploi (73% des sans-domicile français les perçoivent contre 40% des étrangers) ou du RSA (39% contre 17%). Au final, un sans-domicile étranger sur quatre déclare ne disposer d'aucun revenu. 
Jean-Noël Escudié / PCA  Publié le mardi 8 avril 2014 

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