Asnières. France Habitation devra indemniser les locataires des Mourinoux

Dix jours après leur victoire face à  Habitation, les 59 locataires d’un ensemble d’immeubles HLM du quartier des Mourinoux, à Asnières, n’en reviennent toujours pas. Le bailleur social vient d’être condamné en appel à verser à chacun des plaignants près de 4000 € — contre 3000 € en première instance — pour « trouble de jouissance ». « Les habitants sont soulagés, commentait Zouhair Ech-Chetouani, porte-parole des habitants, lors d’une réunion qui s’est tenue vendredi soir. Au début, personne ne pensait qu’on gagnerait. »

Pour leur , Me Arnaud Metayer, « c’est une des premières fois en où les locataires d’un bailleur social s’unissent et mutualisent leurs forces pour porter plainte ». Me Metayer interviendra le 21 janvier lors d’une réunion publique qui se tiendra dans le quartier. L’objectif? Mieux informer les locataires et démontrer que ce succès pourrait se renouveler.
A l’origine, c’est le mauvais état des immeubles qui a poussé les locataires à porter plainte. Me Metayer évoque notamment des courriers émanant du service d’hygiène et de sécurité d’Asnières, ainsi que de locataires se plaignant de la vétusté des immeubles. Une lettre, datant de février 2009, met même en demeure France Habitation pour des problèmes de ventilation, de portes de hall, d’absence de portes palières, de défaillance permanente de l’interphone, d’un manque d’entretien…
Aujourd’hui, après trois ans de bataille, les locataires savourent leur plaisir. Mounira, Fatirha, Meriem, Samia et Houria se souviennent qu’elles ont passé plusieurs journées à faire du porte-à-porte pour convaincre les habitants et récupérer toutes les quittances de bail des cinq dernières années, des photos… « On a dû expliquer des centaines de fois la procédure. Parfois, les gens nous disaient : C’est trop compliqué. Alors on leur répondait : Laissez-nous faire, on s’occupe de tout ! » racontent-elles fièrement.
Cependant, certains ne crient pas victoire malgré tout. « 4000 €… C’est notre argent ! essaie de se convaincre l’un des habitants, qui reste tout de même inquiet. « Les années précédentes, on me rendait 200 à 300 € de trop-perçu de charges. Cette année, je n’ai eu que 27 €… » Une crainte relayée par Zouhair Ech-Chetouani : « Il faut rester vigilant. On espère que le bailleur ne va pas essayer de récupérer son argent comme ça. » Une inquiétude que l’intéressé balaie. Et de préciser que les travaux en cours depuis septembre 2009 devraient au contraire être bénéfiques au regard des charges.
Pour l’heure, France Habitation n’a pas encore décidé s’il va former un pourvoi en cassation. « Nous ne nions pas que les bâtiments avaient besoin d’une rénovation mais, à part deux ou trois courriers dans notre dossier, nous n’avons aucun élément justifiant de la dangerosité de l’immeuble », expliquait hier un responsable toujours perplexe face à cette condamnation.

Enora Heurtebize |Le Parisien  Publié le 17 déc. 2013

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