L'Europe a près de trois fois plus de logements vacants que de sans-abri

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Construits en plein boom immobilier mais frappés par le crise de 2008, plus de 11 millions de logements sont inoccupés en Europe. La moitié suffirait à loger l'ensemble des 4 millions de sans-abris du continent.
Les chiffres sont «choquants», pour les associations d'aide aux sans-abris. En Europe, plus de 11 millions de logements sont vacants, selon une enquête du Guardian. «Seule la moitié d'entre eux suffirait à ce que plus personne ne dorme dans la rue»
assure Freek Spinnewijn, directeur de laFédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abris (FEANTSA).
Avec 3,4 millions d'habitations inoccupés, l'Espagne arrive en tête du classement, selon un recensement de 2011. La France pointe à la seconde position, à 2,4 millions, d'après les données de l'Insee de 2012. Avec 2 à 2,7 millions de logements vacants, l'Italie arrive ex æquo. Viennent ensuite l'Allemagne (1,8 million), le Portugal (735.000) et la Grande-Bretagne (700.000). Au total, leur nombre dépasse les 11,7 millions, quand l'Union européenne compte 4,1 millions de sans-abri.
«L'UE a un rôle à jouer»
«Les maisons sont construites pour que les gens y vivent. Si elles ne sont pas occupées, c'est que quelque chose a sérieusement mal tourné sur le marché du logement», assure au journal britannique David Ireland, président de l'association Empty Homes, qui milite pour que les logements vacants soient mis à disposition de ceux qui en ont besoin. La plupart de ces habitations sont sûrement dégradées ou mal situées, concède-t-il, mais «il y en a assez pour régler le problème des sans-abris en Europe.»
Beaucoup de ces logements ont été construits en plein boom immobilier, à l'aube de la crise de 2008. Considérés comme des investissements, leurs propriétaires n'ont jamais eu l'intention d'y vivre. Des centaines de milliers de projets immobiliers inachevés ont déjà été rasés pour tenter de faire remonter les prix, assure The Guardian.
L'Espagne en est l'exemple type. Au milieu des années 2000, plus de 800.000 maisons sortaient de terre chaque année, et les prix ont augmenté de 44%. Aujourd'hui, 3,4 millions de propriétés sont abandonnées, soit 14% du parc immobilier espagnol. 500.000 logements inachevés ont été abandonnés. Les régions touristiques sont particulièrement touchées, trompées par le mirage de la demande d'acheteurs britanniques et allemands qui se cherchaient une place au soleil. A Torre-Pacheco, une région touristique située à un quart d'heure de la mer Méditerranée, plus d'un tiers des 20.000 habitations sont inoccupées. La plupart de ces logements ont été saisis par les banques, quand les propriétaires n'ont plus été capables de rembourser leur emprunt. Ainsi, des conseils municipaux de Catalogne menacent les banques d'une amende de 100.000 dollars si ces propriétés saisies restent vides plus de deux ans. A Terrassa, une petite ville au Nord de Barcelone, les banques qui détiennent plus de 5000 logements ont été sommées de prendre toutes les mesures nécessaires pour trouver des locataires, où d'en faire disposer la ville pour les transformer en logement social. Au niveau européen, les députés ont à nouveau exigé de la Commission européenne qu'elle définisse une stratégie pour les sans-abris, estimant que l'UE «a un rôle un jouer»
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